Autopsie d’un échec :
Parler d’échec après avoir fait 9ème sur + de 6k joueurs peut paraître déplacé, d’une ambition démesurée. Cependant, ce sont le déroulement et le contexte du mtt qui me poussent à parler d’échec.
Sur le déroulement d’abord :
Je n’ai jamais eu recours à une turn ou une river salvatrices. Chaque fois que j’ai gagné mes oppositions, j’étais devant preflop. L’inverse n’est évidemment pas vrai.
Durant les 2 premières heures j’ai navigué entre la moitié et le dernier tiers. Puis lors de la 3ème heure, j’ai eu 3 fois QQ et 2 fois KK qui m’ont bien aidé. Mais cela ne fut pas aussi simple.
A un moment donné sur un mtt, il y a toujours un point d’inflexion. Une période où l’augmentation des blinds affecte plus les tapis moyens, et qui par conséquent crée des écarts irréversibles pour la plupart des joueurs sauf pour ceux qui auront la chance de quadrupler rapidement par la suite. Sissi, cela arrive. A moi jamais, mais je l’ai déjà vu.
Ne m’en demandez pas plus, je n’en sais rien ; ce n’est qu’une impression, fausse peut-être, n’ayant jamais travaillé le jeu en tournoi
Donc pour en revenir au tournoi, j’ai pris des pots sympathiques avec à la fois QQ et KK pour approcher la centième place sur les 400 derniers. J’ai eu à partir de ce moment 2 opportunités d’approcher la tête du classement, et je ne les ai pas laissées passer.
J’ai 86s de bb. Le gars au bouton me relance de 3bb ; je n’hésite guère car c’est un faible investissement et de plus je sais que si je touche, je double face à un joueur ayant le même tas que moi.
Je touche gras au flop donc je double. Top10/20.
J’ai 52o de bb. Un gars depuis un moment lorgne sur mon beau tas et m’agresse en middle chaque fois que je suis de bb. 2 fois déjà.
Rapide coup d’œil poker ranking : bon joueur.
Il a observé mon jeu, et donc sait que je suis un joueur sérieux vraisemblablement assez serré.
Maintenant, je sais qu’il sait. Mais lui ne sait pas que je sais qu’il sait.
Vous suivez ?
Donc le bon monsieur agresse ma bb, je fais instant boite, il passe et je lui montre fièrement 52o.
Puis dès qu’il sera de bb, je l’agresserais avec un petit raise. Il passe. C’est bon, j’ai l’ascendant. Il n’y a plus qu’à espérer une bonne situation pour en profiter.
Il me foutra royalement la paix pendant quelques tours jusqu’à la fameuse main où il va de nouveau agresser ma bb. Cette fois-ci, je sais qu’il a du jeu. Oui, mais voilà moi j’ai KK.
De nouveau instant boite. Il réfléchit puis paye avec TT. Pas d’horreur.
1er sur 6 237 joueurs.
Je ne quitterais plus le Top 3, en jouant avec mon tas impressionnant. Agression ciblée, preflop et/ou au flop suivant sa texture, jamais payer de boite sauf si cotes. Je perdrais presque tous mes coins flips contre des petits tapis ou tapis moyen.
Puis arrive ce que j’ai raconté précédemment et que je n’ai aucune envie de ressasser.
Juste à titre de précision, compte tenu des blinds et antes, un raise preflop fait progresser le M de 1. C’est indispensable de le faire. Sur une table de 5, en position Ax et KQs, sont 2 mains avec lesquelles l’agression est évidente. Malheureusement, restealé 2 fois. That’s poker !!
Autre raison de relancer avec 88 et peut-être tenter le coin flip (car j’ai de la fold equity). Cela faisait une bonne heure que nous étions en demi, et tous les petits tas en mode survie comblaient leurs écarts. Si j’avais su qu’à la main suivante, nous irions en TF, j’aurais gardé mon tas intact. Si, par contre, la demi avait duré encore un quart d’heure à ce rythme, je devenais à mon tour short.
En passant le coin flip, j’éliminais un joueur et entrais en TF avec l’objectif ambitieux et réalisable de faire Top 3.
Voili voilou beaucoup de regrets à nourrir.
Sur le contexte ensuite :
Je serais malhonnête de dire que je n’ai pas pris de plaisir.
Certes, mais au-delà du plaisir, les résultats comptent également.
Ce gain en + de 5 heures de jeu équivaut à une très bonne session de cash d’une durée égale.
Par contre, la première ou la deuxième place m’aurait permis de gagner 3 à 4 mois sur ma courbe de progression pour retrouver plus tard le disponible de 2008 qu’un méchant bad run et un retrait salvateur ont bien entamé.
En finissant 9ème, j’ai surtout perdu 3 à 4 mois de progression pour retrouver mon niveau de 2008. Et cela, il me faudra du temps pour le digérer.
Et voilà pourquoi, pour moi, c’est encore un échec.
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