Spéciale Mitche
Je peux classer les joueurs réguliers en 5 catégories, nonobstant les considérations purement techniques, tactiques, stratégiques …
Trivialement donc cela donne :
Les très bons joueurs, les bons, les moyens, les mauvais et enfin les très mauvais.
Le très bon joueur est un joueur qui est capable de saisir toutes les opportunités qui lui sont offertes. Bien entendu, il est affecté par la variance ; mais au final il sera très largement positif.
Le bon joueur est un joueur qui saisit la plupart de ces opportunités. Egalement sujet à la variance, il sera positif.
Le joueur moyen est un joueur qui alterne le bon jeu avec le mauvais.
Si, durant une période, la variance le frappe quand il joue bien, c’est à dire quand il est à même de saisir les opportunités présentes : il sera un joueur moyen mauvais.
Si par contre, il n’a pas à subir d’horreurs quand il joue bien, il sera moyennement bon.
Bien entendu, les mathématiques n’ont pas de mémoire et tout s’équilibre à la fin. Tantôt moyen bon, tantôt moyen mauvais pour au final être moyen, c’est à dire battre le rake voire un peu mieux.
Le mauvais joueur est un joueur qui se suffit des concepts de base (sélection des mains, position …). Le reste lui importe peu, bien qu’il en connaisse les rudiments.
Le très mauvais joueur joue comme il coche une grille de loto.
N’étant pas un donneur de leçons, ni n’ayant une vocation de pédagogue, je voudrais apporter 2 Nota Bene :
Nota 01 : Cette classification ne concerne que les joueurs réguliers, pour qui la notion de gestion de bankroll est primordiale à moins d’avoir des fonds inépuisables.
Cependant, il existe des joueurs occasionnels, qui ont un budget loisirs qu’ils alimentent comme d’autres iraient au spectacle, au resto ou au ciné. Je ne porterais aucun jugement de valeur sur leur manière de jouer : s’ils prennent leur pied en prenant un gros pot avec 7 et 2, il est tout à fait logique de les voir rentrer avec 7 et 2 même off.
Nota 02 : La notion de donk ou fish concerne tout le monde sauf le meilleur joueur de monde. On est tous le fish de quelqu’un. Les très bons sont les -fish- des tous meilleurs mondiaux, les bons des très bons, etc … , les très mauvais des mauvais.
Cela me permet donc de rebondir enfin sur la notion de boulet qui est, à mes yeux, primordiale. On n’est pas le boulet de quelqu’un, on est le boulet de soi-même. Cela veut dire que le principal ennemi à une table de poker c’est soi-même.
Et les raisons peuvent être diverses et variées. La principale étant de développer un jeu qui n’est pas adapté à la table du moment.
Comme rien n’est jamais vraiment défini, ni réellement acquis, si on ne fait pas preuve de vigilance, on passe facilement d’une tranche à une autre. Vers le haut mais également vers le bas. Bon un jour, moyen mauvais un autre etc ..
Afin de ne pas faire le vieux con donneur de leçons sans exemple, je vais vous faire part de mes difficultés, de l’évolution de mon jeu et la manière dont j’essaye de m’y adapter sans cesse. Et ce combat est loin d’être fini.
Avant j’étais un bon joueur de stt, voire un très bon joueur de stt si je me réfère aux résultats sur SharkScope. A l’heure actuelle, je suis persuadé que si je faisais une série de stt au niveau d’avant, je perdrais une fortune avec un roi négatif. Bien entendu, on ne perd pas toute sa technique. Mais la frontière n’est pas épaisse entre le gagnant et le perdant. Cela se joue sur des détails. Et si tout le monde joue de la même façon, c’est à dire, serré sans imagination, les joueurs n’ont aucun avantage les uns sur les autres. Donc il faut développer autre chose que je ne sais plus faire. Conclusion, je ne fais plus de stt.
En mtt, je sais où j’ai des difficultés. Oui, mais je ne sais pas encore les résoudre. Et comme je préfère consacrer mon temps à autre chose, je fais des mtt très irrégulièrement.
En cash, j’ai un gros défaut. Dès que je m’aperçois que j’ai atteint le quota fixé par une feuille de route théorique, mon jeu change. Pourtant j’ai l’impression de jouer de la même façon. Mais quand j’analyse et que je regarde certains détails, je vois que par exemple je ne contrôle pas le pot quand cela est nécessaire, et plein d’autres choses.
Alors je m’adapte en faisant une coupure. Puis je recommence une nouvelle session comme si la précédente ne s’était jamais déroulée.
Le jour où j’aurai résolu ce problème, je poursuivrai mes sessions.
Je fuis certains sites à certains horaires, certains jours, en privilégie d’autres etc..
Cela se joue également sur des détails : J’avais un conflit entre mon antivirus et Everest. Bizarrement, mes plus grosses pertes sur Everest combinent longue session et utilisation d’un autre poste pc. Depuis, je me suis forcé à trouver les paramètres de réglages de l’antivirus de mon vrai pc. J’ai trouvé, je peux donc désormais y jouer et j’y ai retrouvé mon jeu !!!
La raison est que je ne suis pas un très bon joueur, ni même un bon, s’adaptant n’importe où. Et je pense même, que la majorité des excellents joueurs choisissent heures, lieux, variantes et temps de jeu pour rester de très bons joueurs.
Donc comme je tiens à rester dans la fourchette théorique entre les bons joueurs et les joueurs moyens, je veille à corriger au plus vite mes défauts; et si je n’y arrive pas à m’y adapter, je n’hésite pas à changer de variantes, d’horaires ou de sites.
Je n’oublie pas non plus que tant que l’on n’a pas atteint un certain niveau de maîtrise où il devient difficile de perdre ses acquis, le joueur de poker a le choix entre progresser ou régresser. De plus certains joueurs en progressant, peuvent régresser car ils ont un mal fou à connecter et intégrer les nouvelles infos avec les anciennes.
Voilà toutes les raisons pour lesquelles j’aime le poker : sa richesse et ses subtils dangers.
Pour finir, chaque jour a sa vérité et ses limites. Quand je joue en NL50, je ne pense plus qu’il n’y a pas si longtemps je jouais en NL10. Et de la même manière, je ne pense plus à l’époque où j’étais un régulier en NL100.
Mitche, tu le sais, le Limit m’a tué. J’aime le limit, mais je n’y joue plus ou exceptionnellement le 0,5/1 que je domine outrageusement (enfin, la vérité c’est que la variance m’y a foutu la paix jusqu’à présent). Pourtant j’y jouais plutôt pas mal. Mais il m’a manqué le petit quelque chose qui fait la différence et que je n’ai pas su développer, pour de grosses pertes pour un grain de sable.
Cela ne tient à pas grand chose. Mais jamais lâcher, jouer dans sa limite pour remonter comme on l’a déjà fait. Faut juste trouver la meilleure formule qui s’adapte à l’instant t.
La technique ne se perd pas ; ce qui se perd, c’est l’usage que l’on en fait. Et donc dès lors, on en fait un mauvais usage. On s’impatiente (un des plus gros défauts à ce jeu), et surtout on force les choses en oubliant un des axiomes de base qui est de toujours laisser aller les jetons là où ils doivent aller.
Putain, que je suis long !!! mais cela me tenait à cœur car sans toi je ne serais pas là où j’en suis, et surtout là où je serai demain, là où nous serons demain !!
De plus, j’espère que cela sera utile à tous ceux qui se seront donnés la peine d’aller au bout.
Pour mes détracteurs, je les assure que je suis conscient que mes propos tiennent plus du Darwin de base que du Sklansky profond.
Joli Post pépé ! ; )